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PORTRAIT: Zachary Toulemont & K7; ambition, musique et coronavirus

Dernière mise à jour : 27 janv. 2021

Bien que la pandémie de la COVID-19 ait impacté beaucoup d'industries, certaines ont été touchées à la fois positivement et négativement. C'est le cas de Zachary Toulemont, qui, à 18 ans, a décidé de se lancer dans un projet fou: créer son propre média via les réseaux sociaux.


Jeune homme né dans le sud de la France, Zachary Toulemont a grandi à l'époque du numérique et a vu les réseaux sociaux prendre une grande ampleur autour de lui. Passionné de musique depuis son plus jeune âge, Zachary, dit Zac, a su joindre l'utile à l'agréable en fondant K7 Channel, un média engagé 100% français, dont le but est de faire connaître les petits artistes de la région, tout en partageant de l'actualité musicale internationale sur son compte Instagram. Nous avons rencontré celui qui, au fil de ses interviews, donne de la visibilité aux autres, tout en tentant de trouver sa place dans le monde audiovisuel.


Zachary Toulemont, fondateur de K7 channel / insta. @zacharytoulemont

Montpellier, début de matinée. Nous sommes reçus par Zac, chez lui, au coeur de la ville. Sa chambre en guise de bureau et de lieu de vie nous rappelle le contexte sanitaire auquel nous sommes tous soumis. Dans la pièce, une batterie, et des enceintes, posées fièrement et qui viennent souligner le fort attrait de Zachary pour la musique. Le jeune homme de 20 ans, diplômé d'un bac ES, a préféré stopper ses études. "Ce n'était pas fait pour moi", il explique, un sourire aux lèvres. Après deux semaines de musicologie à l'université Paul Valéry à Montpellier, il n'a pas souhaité poursuivre l'expérience. "J'ai évolué dans un lycée où le style musical n'était pas très varié, j'avais envie de découvrir autre chose", il marque une pause avant d'ajouter, "j'avais envie de faire découvrir autre chose." Très inspiré par les sessions live venues des US telles que Tiny Desk, dont il est "tombé fou amoureux", il a eu l'idée et l'envie de faire la même chose en France, plus particulièrement à Montpellier. C'est ainsi qu'est né K7 Channel, une plateforme dont le but est de faire connaître les petits artistes indépendants, au travers d'interview et de sessions live. Et quand on lui demande pourquoi "K7", il nous explique avoir voulu faire un clin d'œil à l'histoire de la musique indépendante. "Quand le CD est arrivé, pour beaucoup de petits musiciens indépendants, les cassettes restaient le moyen le moins cher et le plus facile de se faire connaître," il hausse les épaules en souriant, "un peu comme notre média."





Au début de la pandémie de la COVID-19, en Février 2020, il est à Paris pour son premier tournage dans la capitale, quelques semaines plus tard, c'est l'annonce du premier confinement. Là où beaucoup y ont vu des contraintes, Zac y a vu une opportunité, "j'ai passé mon adolescence seul dans ma chambre à jouer à des jeux vidéos," il rigole, "être seul face à mon écran je connais." Selon lui, c'est d'ailleurs grâce au confinement qu'il a réussi à être aussi efficace et impliqué sur son projet, "je n'avais pas le choix, il n'y avait rien d'autre à faire, j'y ai consacré tout mon temps." Et du temps, il en a eu. Pendant cette période, Zac a pu démarcher les artistes, les attachés-presse, dont les activités professionnelles étaient en stand-by. Durant cette période, K7 a surtout produit des interviews qui étaient par la suite directement postées sur leur compte Instagram. Le concept de ces interviews? Le hashtag #MaisTesQui , qui permet à l'artiste de se présenter et de faire découvrir son univers dans une vidéo de quelques minutes.


Être privé de toutes distractions extérieures et tentations de sortir pendant plusieurs mois a donc été bénéfique à l'épanouissement et au développement de son média. "De plus, c'était pratique pour atteindre les artistes," Zachary ajoute, " pendant le confinement, ils n'avaient aucun moyen de faire connaître leur art, j'ai trouvé une bonne alternative." Mais la proximité -- bien que virtuelle -- avec les artistes n'a pas été le seul point positif de ce confinement. Les gens étaient plus actifs que jamais sur les réseaux sociaux, et étaient, pour beaucoup, en quête de nouveauté. C'est ce que K7 Channel leur proposait, en leur faisant découvrir des artistes indépendants français, mais aux influences multiples.


"J'ai l'impression d'être constamment dans un jeu vidéo"


Si Zachary a réussi à tirer du positif de cette période de confinement, la crise sanitaire a aussi beaucoup affecté K7 Channel, mais également son mental. "Je ne fais que travailler sur mon ordinateur, j'ai quelques tournages une fois de temps en temps en extérieur, mais sinon, c'est dur." Le jeune homme, qui ne s'attendait pas à être confronté un jour à une réalité aussi numérisée, continue, "là, j'ai l'impression que mon travail est uniquement virtuel, comme si j'étais constamment dans un jeu vidéo." Zac s'étire dans son siège en haussant les épaules, l'air pensif, "ce travail c'est aussi beaucoup à base de contact humain, là c'est plutôt déprimant à la longue."

De sa fenêtre, il ne voit que la cour de son immeuble, il est loin de l'ambiance des concerts et des festivals auquel il était habitué. Sa batterie dort dans un coin de sa chambre, et c'est cette ambiance calme qui, paradoxalement, commence à le fatiguer.

Mais la plus grosse complication pour le jeune homme et sa petite équipe depuis le déconfinement, a été de pouvoir proposer du contenu sur ses plateformes. Pour cause: bien que depuis Mai, la vie ait doucement repris son cours, Zac revient sur la difficulté à pouvoir assurer un montage complet. "Réunir une équipe technique, même de 5 personnes, et trouver des lieux de tournage, ça a été très compliqué.", pour cause: avant le mois de Décembre 2020, K7 n'était pas considérée comme une association, ce qui rendait toutes les démarches d'autant plus délicates. Pour palier à ce manque, l'équipe a dû trouver une solution: les interviews à distance, Mais là encore, le moral en prend un coup, "bien que je l'ai l'habitude de travailler seul chez moi, il est nécessaire d'avoir des moments de pause où on peut rencontrer et partager avec les artistes", le jeune homme déplore, mélancolique.



Pour son futur, Zac ne se met pas la pression, "ça m'a crée beaucoup de stress et de frustration par le passé, du coup, j'essaie de vraiment rester dans le présent." Cependant, après avoir passé près d'un an à se consacrer à son média, il prévoit de s'octroyer un mois de vacances en se lançant un pari fou: rejoindre la Norvège depuis Montpellier... en vélo! Un pari qui prendrait la forme d'un périple d'un mois en solitaire afin de déconnecter des écrans et de se focaliser sur lui. Le jeune homme ne sait cependant pas encore si oui, ou non, il allierait K7 à ce voyage. "J'avais peut-être eu l'idée de rencontrer des artistes dans les villes étapes", il commente, l'air pensif. "Ou bien de faire un reportage, mais on verra si tout le travail à faire d'ici-là est terminé."

Cependant, avant de le retrouver chez nos amis Norvégien, Zachary est présent une fois par mois aux platines de Piñata Radio, une webradio indépendante Montpelliéraine. Ce qui est certain, c'est que Zachary Toulemont et K7 Channel, ont préféré faire de la situation sanitaire une épreuve à franchir plutôt qu'une fatalité, et tant qu'il y aura des artistes indépendants à faire découvrir, la plateforme ne cessera d'exister.


Célia Bouysse


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